jeudi 26 janvier 20h30 - Théatre des 3 ponts - Je t’appellerai Jean-Baptiste C’est ainsi que s’ouvre la pièce de Pierre Louis-Calixte, tel un dialogue avec un aïeul bienveillant. Interrogeant la vérité des biographes, l’acteur propose un portrait intime de Molière, au plus près de sa vie et de la sienne, dans l’alternance d’événements personnels et de mémoire d’artistes. Anecdotes et réflexions dessinent au fil des séquences un portrait double, comme les confessions d’un acteur à travers les siècles. Pierre Louis-Calixte se fait narrateur de sa propre mémoire, il se souvient de sa première prestation en public, grimé en Harpagon devant ses camarades de classe éclatant de rire, de son entrée dans la Troupe pour reprendre le rôle de Cléante dans Tartuffe, tandis que surgissent des images de Molière enfant au théâtre avec son grand-père, de Molière subissant ses premières cabales. Le plateau devient un espace de la mémoire des plus vivants, un lieu d’échange avec les absents. Entouré de ses costumes de scène, de livres et d’objets familiers, l’acteur cherche ces « relais » qui fondent nos existences. Alors qu’entre bientôt dans la ronde Jean-Luc Lagarce, qui a monté Le Malade imaginaire comme pour conjurer le sort de sa propre maladie, notre narrateur se souvient de Louis, dans Juste la fin du monde, qu’il a interprété Salle Richelieu en 2008 et qui ne l’a pas quitté depuis. « J’ai emmené Louis dans ma vie », témoigne-t-il, ou comment les mots d’un auteur ou d’un personnage cheminent dans le corps d’un acteur, l’imprégnant de leur présence bien après la représentation. « Être ensemble et être soi-même », la devise de la Comédie-Française, le sociétaire la fait entièrement sienne dans ce seul-en-scène. C’est dans l’enchevêtrement de ses souvenirs - réels et fictionnels - qui immanquablement appellent les nôtres, que se joue ce spectacle, hommage à Molière, au théâtre et à la vie.
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