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Jean Olivier, maire de Saint Julia pendant la guerre de 40

Jean Olivier Sally Noach

  • Jean Olivier est inscrit sur le mur des justes à Paris

Jean Olivier* a fait ses études au collège de Revel. Mobilisé en 1914, à 19 ans, il reviendra gravement blessé à deux reprises. Décoré de plusieurs distinctions de 14-18, il joue un rôle très actif dans la Résistance lors de la deuxième guerre mondiale. Marié avec Adèle, ils ont un fils, Roger. Ami de Roger Montpezat, fondateur et chef du Corps Franc de la Montagne Noire, il se voit confier un poste émetteur qu'il cache dans le moteur d'un camion de la coopérative agricole de Villefranche dont il était le président. Ce poste était utilisé par le major Rochardson pour communiquer avec Londres. Proche du député socialiste Vincent-Auriol, il en partageait les convictions républicaines (Vincent-Auriol, qui devint président en 1946 et refusa avec 80 autres parlementaires de voter les pleins pouvoirs à Pétain).

L'accueil en tradition

Jean Olivier*, maire de Saint-Julia, village du Lauragais, avait érigé l'accueil en tradition dès l'arrivée de réfugiés de la guerre d'Espagne avec l'aide de tous les habitants.

En 1944, devant l'acharnement de la Gestapo à pourchasser les juifs, Jean Olivier* propose à Salomon (Shlomo) Kamelgarn, grossiste en bonneterie, qu'il croisait tous les samedis au marché de Revel, de quitter Toulouse avec sa famille et leurs trois enfants, Charly, Claire et Rachel, âgés de 10, 9 et 4 ans, pour venir à Saint-Julia. Il mettra à leur disposition une maison dans laquelle ils pourront se cacher jusqu'à la fin de la guerre. Le matin, la petite Solange (Rachel) quittait la maison avec son père dont elle ne lâchait pas la main, pour aller passer la journée à la ferme des Olivier*. La mère et les deux grands, Charly et Claire, ne sortaient pas. Ils rejoignaient parfois la famille d'à côté par une remise attenante. Marinette, la jeune fille de la maison leur faisait faire des dictées. Retour

  • Juste : Ayant eu la vie sauve, c'est la famille Kamelgarn qui a entrepris les démarches pour la médaille des “Justes parmi les Nations”, remise à titre posthume, à son fils Roger Olivier. Rachel Kamelgarn était âgée de 4 ans à l'époque et prudemment appelée par son deuxième prénom, Solange : “Il y a eu beaucoup d'enfants cachés, nous avions la chance d'être avec nos parents et si j'ai le souvenir de mois de bonheur et de sécurité, on le doit à Jean Olivier* et à sa femme”.
  • Liens vers le Comité français pour Yad Vashem : Le dossier Jean Olivier - A Saint-Julia, deux visages de la France sous la Shoah

Rescue Story

Before the war, Salomon and Laja Kamelgarn lived in Toulouse (Haute Garonne) with their three children, Charles (b. 1932), Claire (b. 1933) and Rachel (b. 1939). Salomon owned a wholesale trading business, and Laja ran a convenience store. After the war began the family continued to live in Toulouse, until the south of France was also invaded in November 1942.

When the situation for Jews in Toulouse became impossible and most of his family had been arrested, Salomon decided to go into hiding with his family. In September 1943 his business was confiscated, and he decided to turn to his old friend, Jean Olivier, for help.

Olivier was the mayor of Saint Julia (Haute Garonne), where he lived with his wife Adèlle and their son, Roger. Oliver had earlier offered to do anything he could for the Kamelgarns if they needed it. He immediately agreed to help the Kamelgarns. They gave them a three-bedroom home with a small garden, where they could grow vegetables. In order not to arouse suspicion, he also provided them with false identities under the name of Collin. Charles and Claire didn’t attend to school for fear of denunciation, instead studying at home with a private teacher.

From September 1943 until the liberation of Toulouse in July 1944, the Kamelgarn family was under the devoted care of Jean Olivier, who made sure that they were safe and well looked after, at his own expense and risk.

Charles Kamelgarn later recalled that Jean was a well-known figure in the village, who acted against the antisemitic Vichy regime out of strong humanitarian and political beliefs. He was also very active in the resistance. All this meant that he was in great danger of being denounced, but he never hesitated to help the Kamelgarns and many other Jewish families who arrived in Saint Julia. He not only found shelter for them, but also provided them with food ration cards and false identities.

After the war, the Kamelgarns returned to Toulouse, but kept in contact with their rescuer for many years, seeing each other on a regular basis.

On November 11, 2008, Yad Vashem recognized Jean Olivier as Righteous Among the Nations.

Assignations à résidence, déportations

En septembre 1939 débute la Seconde Guerre mondiale. Le 10 mai 1940, l'Allemagne envahit la Belgique et la Hollande. Des centaines de milliers de personnes fuient devant les chars et les bombes et, parmi eux la famille Berger. A partir du 20 mai plus de 1200 réfugiés belges arrivent à Revel et dans les autres communes du canton. La France est envahie et Pétain signe l'armistice le 22 juin 1940. Le 10 juillet, la quasi totalité des parlementaires rassemblés à Vichy lui confie les pleins pouvoirs pour instaurer “l'État français”.

Tandis que de nombreux réfugiés belges repartent chez eux dès septembre 1940, les familles juives restent dans le canton de Revel. C'est le cas de la famille Berger (la grand mère, les parents et leurs 3 enfants: Suzy 1 an, Éliane 5 ans et Sylvain 11 ans), qui reste à Saint Julia, entourée de la sympathie de la population. Mais, après un premier statut des Juifs (une initiative de Vichy ne répondant à aucune demande des occupants), datée du 3 octobre, la loi du 4 octobre autorise les préfets à interner “les ressortissants étrangers de race juive”. Un recensement des juifs étrangers du canton de Revel est effectué dès septembre. Une circulaire du préfet engage un véritable processus d'épuration ethnique en supprimant les allocations aux réfugiés étrangers ou apatrides. Ainsi, en octobre et novembre 1940, de nombreux étrangers juifs sont internés dans un des multiples camps de la région (Noé, Récebédou, Septfonds, etc.) ou assignés à résidence, comme la famille Berger à Saint-Julia.

La politique raciale de Vichy se poursuit : un second statut des juifs du 3 juin 1941 aggrave encore leur situation. Un commissariat général aux questions juives est crée. La loi de juillet 1941 établit le recensement obligatoire des juifs en zone sud, qu'ils soient français ou étrangers. Une “aryanisation” des biens juifs est organisée pour faire main basse sur leurs entreprises ou commerces.

Pendant l'été 1942, les persécutions s'accélèrent. René Bousquet, secrétaire général de la police, prépare avec Karl Oberg, chef de la police et de la S.S. en France, une vaste opération visant à faire arrêter par la police française 25.000 juifs étrangers ou apatrides de Paris et de la banlieue. C'est la rafle du Vel d'hiv du 16 juillet 1942 qui aboutit à l'arrestation de 13.000 juifs qui seront déportés à Auschwitz, environ la moitié des prévisions. Beaucoup d'hommes informés ont pu se cacher, ignorant la décision de Vichy du 10 juillet 1942 de déporter des familles entières “Dans une intention d'humanité, le chef du gouvernement a obtenu - contrairement aux premières propositions allemandes - que les enfants y compris ceux de moins de 16 ans soient autorisés à accompagner leurs parents”.

C'est ainsi que le 26 août 1942, la famille Berger est arrêtée à Saint-Julia avec d'autres familles juives du canton de Revel. Toutes ces arrestations ont lieu en zone dite “libre”. Après un bref séjour à Noé puis à Drancy, ces familles sont déportées le 4 septembre 1942, par le convoi n° 28 composé de près de 1.000 personnes vers Auschwitz. Avant l'arrivée de ce convoi, environ 200 hommes (dont David Berger et Paul Schaffer) sont sélectionnés pour les camps de travaux forcés. Le reste du convoi est immédiatement gazé. La petite Suzy Berger venait tout juste d'avoir 3 ans. C'était la plus jeune enfant de ce convoi n° 28.

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