• 11 janvier 2024 - décrochage des deux tableaux de l’église qui partent en restauration.

Le 11 janvier 2024, deux tableaux de l’église partent en restauration

Depuis 3 ans, la restauration de plusieurs tableaux de l’église de St Julia était au centre du projet proposé par l’association des Amis du Patrimoine de St Julia 31540. Notre équipe était présente et vous le raconte.

La descente des tableaux
1° phase : le tableau représentant La Cène Il faut d’abord entoiler la base du tableau avec du papier Bolloré pour éviter que les gravats qui se sont détachés du mur au fil des années et sont restés coincés derrière la toile ne viennent endommager davantage le tableau. Ce papier construit avec une trame et une chaine est d’une grande solidité.

2° phase Placement des échelles Les restauratrices grimpent en haut des 3 échelles pour comprendre comment le tableau est accroché. Deux pattes le tiennent sur les côtés supérieurs et il repose sur les boiseries qui ornent le chœur. On retrouve l’accroche d’une poulie qui avait dû aider à la mise en place du tableau il y 100 ans … Les pattes sont coupées. De longues sangles sont déployées pour faire coulisser doucement le tableau avec l’aide de toute l’équipe des restaurateurs et des bénévoles présents. Malgré la faiblesse du châssis, l’opération s’est bien passée. Nous ramassons les nombreux gravats que la toile protégeait, le mur est très endommagé !!!

3° phase : Décrochage du tableau de Bénézet Ce tableau est beaucoup moins endommagé que le précédent mais les couleurs sont très affadies par le temps. Sa notoriété a incité l’association à proposer sa restauration dès le début 2024.

L’équipe est désormais aguerrie pour réaliser le décrochage, mais il faut aussi décadrer la toile. La restauratrice du cadre est arrivée et participe à cette phase délicate. La dorure sera donc réparée. La « doreuse » emporte donc le cadre et le tableau reste quant à lui sur son châssis et part en restauration.

Toute l’équipe est satisfaite et installe doucement cadre et tableaux dans leurs camions respectifs. Les murs sont un peu vides, mais on en profitera pour réparer les dégâts causés par les infiltrations d’eau.

Nos découvertes

Observons à présent certaines parties du tableau de La Cène, jusque-là mal vues, estompées, voire inconnues. Nous pouvons, avec étonnement, noter la représentation du Diable , avec pattes , corps et cornes de bouc ! Le Malin, Satan, le mauvais conseiller, le malveillant : selon notre imagination … Plus bas, un personnage détourne son regard, sa main droite en mouvement permet la rotation du corps. Par contre, à côté, un compagnon désigne du doigt ce qu’il voit. En face, un autre convive pose une large main, comme pour s’exclure un instant et se concentrer sur ce qui se passe en coin. Enfin, debout et de profil, quelqu’un se tient là, un doigt sur la joue, perplexe ? réflexif ?.. ( Judas ?) La main du Diable est comme posée sur son épaule . Avant de partir, notons le regard effrayant du Malin, ses yeux exorbités nous observant ! Symbole, incarnation, et représentation.

Examinons maintenant le tableau de Bénézet : Monseigneur de Belsunce, évêque de Marseille, implore le ciel de lui venir en aide, autour de lui, des religieux, des malades, leurs proches et les aidants.        - Il faut savoir qu’en 1720, la peste arriva dans la ville par navire marchand et fut responsable de plus de 100 000 morts en deux ans !         -Le fléau étant considéré à l’époque comme une punition divine, le prélat prit l’initiative de placer son diocèse sous la protection du Sacré Cœur de Jésus, afin de soutenir le clergé ainsi que la foi.        -Dévotion et dévouement : ce chef d’Eglise se montra extrêmement courageux, s’exposant lui-même à la contamination au plus près des malades dans les demeures parfois murées, les rues, les processions …( 1/5 ème du clergé périt ) .   Restons nous-mêmes au plus près du tableau : Un restaurateur nous fait remarquer l’étonnante double signature du peintre : -Une, visible sur un coin gauche : B.Bénezet 1887                  -Une autre, sur la tranche : B.Bé … Il nous explique que la toile devait être initialement plus grande et donc aurait été rétrécie. En effet, l’arrière du tableau nous montre un châssis réduit. Ceci pourrait éventuellement répondre à notre observation, à savoir que la représentation du personnage principal ( Mgr de Belsunce ) se retrouve légèrement déportée à gauche sur la toile .